Joe Dassin
La biographie de Joe Dassin
Extraits du livre "Souvenirs de Joe Dassin" par Michel et Catherine Rouchon.
Une enfance de baladin
Le 7 novembre 1938, Joseph Dassin vient au monde à New York. Son père,
Jules, comédien de second plan, d'origine russe, tente de se faire un
nom dans le monde du spectacle. Sa mère, violoniste hongroise, nourrit
tant mal que bien la famille en jouant dans un orchestre de femmes.
Le choses s'arrangent pour la famille Dassin : le père de Joe trouve le
succès et devient un metteur en scène célèbre. Joe a eu deux soeurs,
Rickie et Julie dont il prenait le plus grand soin. La famille vit dans
une très belle maison de Los Angeles. Malheureusement cette chance ne
durera pas. Chassés des Etats-Unis pour des raisons politiques, les
Dassin doivent se réfugier à l'étranger, c'est comme cela que Joe fera
très jeune connaissance de nombreux pays et fréquentera près de quatorze
lycées aux quatre coins de monde.
A l'âge des culottes courtes, Joe s'exprime en plusieurs langues et
connaît beaucoup d'aéroports. Les lycées du monde ont tout juste le temps
d'enregistrer son nom : Joseph Ira qu'il est déjà reparti. « J'adorais
cette vie d'artiste, je voyais du pays. » Les Dassin choisissent l'Europe,
Joe a 7 ans.
C'est à l'âge de 12 ans que Joe et sa famille s'installent à Paris. Il
découvre la France et décrète d'y rester. Joe aime le sport, notamment le
ski et boude un peu les bouquins de classe. Pour une moto promise par son
père, Joe fait des gros efforts et réussit son bac à Grenoble à 17 ans
avec le mention « Bien » .
Fils de metteur en scène, il est naturellement attiré par le cinéma, mais
son père l'en dissuade : « les études d'abord ». Insouciant, Joe se
laisse vivre au sein d'une famille qui sans cesse se déplace : une
enfance de baladin avec ses parents.
Pourtant une cassure intervient, M. Dassin se sépare de sa femme. Marqué,
Joe décide alors de changer l'horizon. Il revient aux Etats-Unis où il
s'inscrit à l'université de médecine : « J'étais riche de trois cents
francs ». Mais ces études vont s'orienter différemment. « Après trois ans
de médecine, je me suis arrêté car la vue du sang me bouleversait ». Joe
choisit alors une branche diamétralement opposée : l'ethnologie. « Pour
se nourrir durant toutes ces années j'ai fait tous les métiers » :
plombier, éboueur, camionneur et mème testeur psychologique.
Le jeune docteur en ethnologie rejoint bientôt l'Europe et sa famille. Il
fait quelques essais derrière la caméra de papa, et commence d'être piqué
par la musique. Il tourne dans plusieurs films aussi.
Avec les copains, il loue une vielle maison où, de temps en temps,
d'autres étudiants viennent gratter la guitare. Avec un copain français,
Joe écoute sans cesse Georges Brassens. De là, leur vient l'idée de
chanter aux terrasses des cafés et cela leur rapporte une cinquantaine de
dollars par week-end. Ainsi Joe se familiarise avec la guitare. Sa
vocation n'est pas encore née mais il persévère : « J'ai toujours aimé
les paris impossibles, je voulais toujours atteindre ma cible ». Petit
garçon déjà, il s'entraînait au lasso pendant des heures pour toucher son
objectif.
Son amour pour la France le pousse à revenir. Sans un sous en poche, il
débarque à Paris avec, pour seule richesse, sa guitare. La France le
marquera définitivement. Un homme y est vraiment pour quelque chose,
c'est Georges Brassens dont il chantera tous ses succès. Recommence la
série de nombreux petits métiers puis il rentre à R.T.L. comme animateur.
Tout comme Julie, sa soeur, qui voulut elle aussi monter sur les planches
et chanter, Joe se décida de conquérir le coeur des Français par sa voix.
C'est par défi que ce professeur en ethnologie à l'universtité du
Michigan est devenu chanteur.
Ses premiers succès vers la gloire...
C'est l'amour qui lui fera mettre un premier pied dans le métier de la
chanson. En effet une jeune fille dont il était amoureux lui présente sa
meilleure amie qui travaille pour les disques C.B.S.
Par jeu, Joe accepte d'enregistrer un premier 45 tours, l'adaptation
d'une chanson américaine. Le résultat n'est pas fameux, on lui conseille
même de ne pas en rester là. « Je suis obstiné, alors j'ai insisté ». Ce
qu'il faut surtout, c'est apprendre son métier. « Je n'aime pas
l'amateurisme, dit-il encore. Et je ne veux pas être une vedette minute
». Pendant plusieurs semaines, il travaillera le chant, la guitare.
Joe Dassin ne sera ni amateur ni une star éphémère. C'est en 1963 que
commence sa vocation dans la chanson. Il ne lâcherait pas. L'enfant de la
balle commence une véritable carrière artistique. C'est l'époque où il
rencontre Jacques Plait, alors parolier de Sheila. De cette rencontre,
naîtront plusieurs chansons dont « Bip-Bip », « Ça m'avance à quoi »,
« Guantanamera ». Joe Dassin franchit très vite les échelons. Sa voix est
la base de sa réussite, c'est ce timbre chaud et grave à la fois qui
charme le public. Son physique, son élégance, sa présence scénique sont
également de sérieux atouts pour lui.
En 1965, Joe enregistre « Les Dalton » qui fera de l'or: toutes les
radios chantent. « La voix du shérif, c'était Jacques Plait, mon
associé, directeur artistique. On était venu avec un petit pistolet à
blanc pour les coups de feu, et sur la bande musicale cela sonnait
bidon. Finalement, on est arrivé à faire l'effet des coups de feu, en
bousculant la chambre de réverbération dans un orgue Hammond. C'était à
Londres et les techniciens anglais nous prenaient tous pour des fous
dangereux ». C'est Johnny Artey, un jeune pianiste, qui va écrire ses
orchestrations.
Joe est un travailleur, un perfectionniste comme Claude François. « Siffler
sur la colline » grimpe également très vite dans les hits parades. C'est
alors qu'il affrontera le public sur la scène sans aucune préparation
mais avec le tempérament d'un gagneur. Enthousiaste il s'écria lors de
son premier passage à l'Olympia : « La scène, c'est un plaisir sensuel qui
me fascine ».
« Le petit pain au chocolat », un des ses gros tubes, inonde les radios.
En 1969, déjà l'étranger le réclame, notamment le Canada et l'Afrique.
Cette année-là, aussi, il décide de s'évader quelques jours à Tignes pour
pratiquer le ski d'été avant sa tournée qui affichera complet partout.
« L'Amérique », « Cécilia » battent une fois de plus ses records de
ventes. Joe est devenu un millionnaire du disque. Avril 1971, Joe part en
tournée et remporte un énorme succès. Costume arraché, il doit sortir de
scène protégé par la police. Le chanteur au lasso durant cette tournée
fait un malheur.
1972 et 1973, les tournées se multiplient. Il se rend à l'Ile de la
Réunion, puis à Djibouti, une tournée bien agréable. Février 1974, Joe
consolide sa place dans tous les hits parades avec « Fais-moi de
l'électricité ».
Avant son Olympia il s'envole pour Las Vegas pour un bain de
show-business et de folie avec son ami le photographe Bernard Leloup,
puis Joe rentre à Paris pour affronter le public de l'Olympia.
En 1975, Joe s'installe à la campagne tout prês de Paris en Seine-et-Oise,
dans une três vaste maison qui comprendra outre l'appartement, des bureaux
et un studio d'enregistrement. En mars 1975, « Si tu t'appelles mélancolie
» titre écrit par ses deux paroliers et amis Claude Lemesle et Pierre
Delanoë, le fait entrer à nouveau en force dans les hits parades. L'été
1975 sera sans doute l'été Joe Dassin, marqué par ce superbe tube «
L'été indien ». Cette chanson pulvérisera les ventes et restera des
nombreuses semaines en radio.
1976 : Joe quittera sa maison pour une nouvelle tournée dans laquelle il
emmènera avec lui le groupe Martin Circus. « Ça va pas changer le monde »
est le titre du moment et également « Nous deux ». 1977 : « A toi »,
ramène Joe sur toutes les radios.
Puis naîtront les tubes comme « Dans les yeux d'Emilie » mais surtout la
chanson « Les jardins du Luxembourg » c'était une très très longue et
belle chanson d'un quart d'heure. Cette chanson c'était une gageure
que j'ai gagné auprès des radios canadiennes, disait-il.
Nous suivrons, nostalgiques, le florilège de ses succès que nous nous
surprendront longtemps encore à fredonner, pour arriver à son ultime
chanson « Le dernier slow ». Elle donne le frisson par son aspect
terriblement prémonitoire.
Une réussite qu'il veut ignorer
Face à l'aggressivité et à la sauvagerie du rock des années 60, un homme
à sommet de la gloire: Joe Dassin. Alors que des Français chantent en
Amérique lui, l'Américain calme, pudique, venu en France pour conquérir
le coeur des Français par sa voix, y parvient largement. Le sérieux, le
perfectionniste, le talent sont les principales bases de cette réussite.
En quelques années Joe Dassin devient l'une des vedettes les plus
appréciées du monde du spectacle au point que ses disques figuraient
parmi les quatre ou cinq plus grosses ventes en France. Fabuleuse
réussite!
Le public l'adore... et il adore le public qui bien sûr le sent et le lui
rend. A entendre les acclamations dans les salles de spectacles on
compend parfaitement cet engouement qu'a le public pour Joe tant la
perfection est totale. Les petits, les grands, tout le monde va voir Joe
Dassin sur scène. Dans les jukes-boxes des cafés, les gamins écoutent
inlassablement ses chansons dont « Siffler sur la colline » qui colle
impeccablement à la voix de l'artiste. Avec son sourire légendaire aux
lèvres, il apparaît comme l'image parfaite de l'homme gai que chacun
veut rencontrer, ressembler. Pendant plusieurs années Joe devient un
pensionnaire de l'Olympia où il triomphe chaque fois avec un talent égal.
Devant une pareille réussite, il s'est fondé un club Joe Dassin où des
milliers d'admirateurs y sont inscrits.
Même si tout le monde n'aime pas Joe Dassin, chacun se rend à l'évidence:
le phénomène Joe Dassin existe. Le mot n'est pas trop fort.
Mais malgré cette carrière solide et surprenante tant enviée, Joe n'est
pourtant sûr de rien. Il était tellement humble que lorsqu'une maquette
d'un nouveau disque venait d'être terminée, il convoquait tout le
personnel de la maison et chacun donnait son avis en notant et en
classant chaque chanson.
Pour beaucoup de sujets, il fallait souvent le persuader que ce qu'il
faisait était bon et c'est pour ça qu'au début de sa carrière il eut de
nombreux heurts, mais il aimait tellement les choses bien faites. Souvent
on a interpreté sa grande humilité pour une insuffisance dissimulée.
Sa personnalité était ainsi et les journalistes écrivaient de Joe Dassin
qu'il était « le moins connu des chanteurs célèbres » mais bien parmi les
plus prestigieuses vedettes que compte le show-business « une valeur
sûre ». Cet ancien médecin en ethnologie se faufilait allègrement en tête
des hits-parades en affirmant « c'est dur d'être célèbre mais tellement
réconfortant ».
Joe s'affirme comme un des chefs de file de la nouvelle génération mais,
avenant, souriant, il témoigne d'une étonnante modestie.
Il faut dire que lorsqu'il était enfant, il n'a pas bénéficié d'une de
ces familles américaines, puritaine, riche et puisssante. Avec
acharnemant, il luttait pour tirer le meilleur de ses études qui sans
cesse étaient dérangées par les voyages. Il se souvenait longtemps des
leçons de courage, de ténacité, et de vraies valeurs de la vie qu'il
avait apprises pendant toute son enfance. Il ne mangeait pas tous les
jours comme il aurait dû.
C'est vrai que par pudeur extrême, Joe a su garder son intimité. En dépit
de cette grande réserve pour une star, l'Américain qui se disait avant
tout Parisien a pourtant bien réussi sa carrière.
Chanteur célèbre, homme public, Joe était sans doute le personnage le plus
discret et le plus secret sur sa vie privée. Il disait de ne pas vouloir
faire de strip-tease et que son public lui demandait des shows pas des
anecdotes ni des échos scandaleux. Tout le monde a le droit de fermer la
porte en rentrant chez lui et il disait : « Moi aussi je me réserve ce
droit ». Sur tout qui touchait sa vie privée, il était intraitable.
Jamais, il n'a pu supporter que les gens de l'extérior puissent se mêler
de son intimité. Lorsque les questions devenaient trop indiscrètes il
criait : « Ma vie privée n'intéresse personne ». A force de crier et de
cette volonté qui le caractérisait, il sut toujours préserver son jardin
secret. A Saint-Nom-La-Bretèche, il avait réalisé son rêve en faisant
construire, en France, une maison de style californien. Là, il connut des
instants de bonheur.
Au cours des émissions télévisées, notamment « Les rendez-vous du
Dimanche » ou « Numéro un », ses amis chanteurs étaient toujours nombreux
à venir lui apporter le témoignage de l'amitié en se joignant au
spectacle de ses grands shows de variétés.
Parmi quelques-uns : Olivia Newton John, Dave, Jeanne Manson, France
Gall, Carlos son grand ami, Hugues Aufray, Gérard Lenorman, Mort Shuman,
Louis Chedid, Michel Drucker, Catherine Lara.
Joe et Christine
Joe Dassin, 38 ans, un âge mûr, une carrière énorme basée sur le thème
d'amour. Lui, ne semble pas encore l'avoir trouvé. Mais un certain
jour...
En 1976, Joe Dassin était en tournée à Rouen. Le jour de relâche il entre
dans un magasin de photos pour donner un film à développer. C'est une
jeune fille qui est là pour le servir. Elle tient le magasin de son père
pendant l'heure de déjeuner. Joe la remarque tout de suite et l'invite à
déjeuner.
Ils se plaisent, ils s'aiment et décident de ne plus se quitter. Partout
ils sont ensemble. Il semble qu'après avoir longtemps cherché, le
chanteur avait trouvé le bonheur en rencontrant Christine, l'étudiante.
Quand Joe est sur scène, la jeune fille attend fébrile dans les coulisses
ou lorsqu'il enregistre elle fait les cent pas dans les couloirs du
studio. Même pendant une croisière aux Antilles avec Johnny et Michel
Sardou, elle est là. La fin de l'histoire est facile à deviner : Joe
Dassin épouse Christine Delvaux, celle qui, il y a deux ans, se trouvait
presque par hasard dans le magasin de photos de son père.
Le mariage est fixé le 14 janvier 1978 à Cotignac, un petit village du
Var. Il y a une dizaine d'années, Joe Dassin chantait ici. Ce gala était
gratuit et pour remercier le chanteur le comité des fêtes du village lui
avait offert un terrain à bâtir sur les hauteurs de Cotignac. Depuis, Joe
y avait fait construire une superbe maison dans le style provençal. C'est
pour cette raison qu'il a décidé de s'y marier.
La veille du mariage, il pleuvait déjà très fort. Tout le monde espérait
pour le lendemain un changement favorable. Mais pas du tout, la pluie
était au rendez-vous des amoureux. Ce pourrait d'ailleurs être le titre
d'une chanson de Joe. Cela n'a pas empêché les habitants de ce charmant
village d'assister à ce mariage vedette.
Joe et Christine sont arrivés, entourés de leurs amis, venus spécialement
de Paris. Parmi ceux-ci, Serge Lama, Jeanne Manson, Carlos... Les témoins
du mariage étaient, pour Joe, Pierre Lambroso, son manager, et Jacques
Plait, son directeur artistique. Pour Christine, A. Hattat et son amie
d'enfance Isabelle Regamey. C'est le sourire aux lèvres que Joe et
Christine ont signé le registre des mariages. Lorsque Joe lui a glissé
l'alliance à son doigt, Christine avait les larmes de bonheur aux yeux.
Les jeunes époux ont déjeuné avec leurs parents et leurs proches avant la
grande réception en présence du « tout show-biz », environ 500 personnes.
Christine, dans une robe romantique choisie avec amour par Joe, rayonnait
de bonheur. Ça faisait longtemps qu'elle attendait ce jour !
Le Canada a été la première étape de leur voyage de noce mais il y eut
quand même des passages à la radio pour Joe ainsi que des tournées. La
véritable lune de miel fut sans doute Los Angeles avec, comme toile de
fond, des palmiers baignés par le soleil éblouissant.
Aussitôt arrivé là-bas, Joe et Christine prirent la direction de
Palm-Springs, le petit village où le chanteur a passé son enfance. Une
sorte de retour aux sources avec celle qui a choisi de partager son
existence. Aurait-il pu trouver mieux que cette immense maison entourée
d'un jardin de rêve, avec une piscine toujours inondée de soleil? De
plus, cette somptuese maison est celle de sa mère qu'elle a décorée avec
amour. Joe et Christine ont vécu là une semaine digne des plus beaux
romans d'amour.
Le chanteur pratiquait ses sports favoris : le golf, la natation. Le soir
les époux dînaient sous les palmiers et le matin, Joe, spécialiste de la
cuisine américaine, faisait découvrir à Christine ses talents culinaires.
Lors de la grande fête annuelle des cow-boys, les époux Dassin
assistèrent au défilé des majorettes et au rodéo. Le dernier jour, ils
n'ont pas manqué de visiter Disneyland, où ils ont acheté des tas de
cadeaux.
Mais une semaine vécue de cette façon passe vite, trop vite. Et devant
l'avion qu'ils devaient prendre pour regagner Paris, c'est l'image des
studios, des scènes et des tournées que Joe voyait défiler devant lui,
mais il savait qu'il n'était plus seul à partager cette vie...
Pour les deux époux, cette lune de miel aux États-Unis restera
inoubliable.
Joe attendait un heureux évènement, il allait être papa. Il se trouvait
en ce moment à 500 kilomètres de chez lui : une tournée au Canada. Come
chaque après-midi, en compagnie de son impressario, le chanteur se
rendait a un terrain de golf du Québec. Il profitait ainsi de ces heures
pour se détendre avant d'affronter le public. Ce jour-là, à peine rentré
à son hôtel, le téléphone sonna. Il décrocha et entendit la voix de sa
femme à l'écouteur : « Ça y est, Jonathan est né ». Le hiutième « J »
dans la dynastie des Dassin. Joe était heureux et une heure avant son
gala il se trouvait encore au téléphone. Le lendemain soir, l'heureux
évènement fut fêté au champagne en compagnie de tous ses amis et
musiciens.
Pour tous et toutes, Joe et Christine offrent l'image d'un couple
parfait. Dans la superbe maison à Saint-Nom-La-Bretèche, ils mènent une
douce vie de famille, souvent entourés d'amis qui participent à leur bonheur.
Puis, au début de l'année 1978, un malaise s'installe chez les Dassin.
Quelque chose semble être cassé entre Joe et Christine. Alors
qu'auparavant ils adoraient sortir, danser dans les discothèques ou dîner
en amoureux dans les petits restaurants discrets, ils apparaissaient de
moins en moins en public.
D'ailleurs, rares étaient encore ceux qui souhaitaient s'y rendre tant le
climat était tendu, lourd, orageux. L'amour entre Joe et Christine se
dégradait. Scènes épouvantes, longues discussions, d'explications, la vie
de Joe était noyée de soucis, ajoutant les fatigues morales à celles de
son travail et de ses tournées.
Puis, en mars 1980, Christine met au monde un second fils mais déjà le
ménage est à la veille de la rupture. Pourtant, Joe pensait que son
second fils, Julien, allait arranger les choses, donner un nouveau
départ à leur vie, gommer le passé.
Hélas, ce n'était qu'un faux espoir. Trois semaines seulement après la
naissance de Julien, le drame qui couvait explose. Et cette fois le choc
fut terrible. Rongé de soucis, luttant pour essayer d'empêcher le naufrage
de son couple, il inquiétait ses proches. Il se sentait aller au bout de
ses forces. Ce fut l'échec de sa tentative. Il dut prendre la déchirante
décision de demander le divorce. Un des moments les plus durs de sa vie,
l'instant où il monta les marches du palais de justice accompagné de ses
avocats pour aller frapper à la porte du juge des divirces.
la fin d'un grand amour avec Christine. Il l'a pourtant bien aimé cette
jeune étudiante aux cheveux blonds.
Il voulait arrêter la chanson
Joe Dassin fut sans aucun doute l'un des artistes les plus appréciés du
monde du spectacle, un des plus gros vendeurs de disques en France aussi.
Allant de galas en galas, de pays en pays, il était acclamé partout où il
se produisait sur scène : costumes arrachés, instruments de musique
cassés, il était adulé par ses nombreux fans.
Aussi, pour vivre une vie de vedette aussi agitée que la sienne, il
aurait fallu une parfaite santé ou tout au mions beaucoup de repos.
Plusieurs alertes cardiaques l'avaient averti de sa faible résistance.
Le repos s'imposait et il trouvait dans son île de rêve « Tahiti » où il
possédait 3 kilomètres de plage de sable fin. C'était là précisément qu'il
avait décidé de vivre sa vie en abandonnant la chanson pour son
quarantième anniversaire.
Il ne voulait pas devenir un vieux chanteur et pour cela il saurait
s'arrêter à temps.
Pour voir grandir ses deux enfants, Jonathan et Julien, il avait décidé
d'espacer ses galas avant de les interrompre définitivement. Les enfants
ont toujours des idées intéressantes et je ne veux rien manquer,
disait-il souvent.
Joe le battant, le perfectionniste était de plus en plus diminué par la
fatigue qui l'envahissait jour après jour. Lui qui croyait au bonheur
éternel, c'était bien fini. Le divorce avec Christine pesait très fort
sur sa vie.
Les galas qu'il donnait en 1980 n'avaient pas la même intensité
qu'auparavant. Il s'efforçait de rire, de chanter, mais le coeur n'était
plus au rendez-vous. Il fallait qu'il s'accroche jusqu'à la dernière
minute pour ne pas s'effondrer.
Le chanteur souriant, plein d'humour était marqué sous le signe du
désespoir. Vous pensez, lorsque l'on a été une grande vedette comme lui
et que la machine à faire chanter le monde est malade, ce doit être pénible.
Lors d'un gala qu'il donnait au Port Canto à Cannes le 11 juillet 1980, à
18 heures, j'étais allé voir mon idole. J'avais bien ressenti tous ces
malaises qui semblaient l'étouffer comme une maladie incurable. Après
s'être présenté sur scène son légendaire sourire aux lèvres, Joe la
quittait radidement ne voulant pas montrer aux spectateurs la douleur qui
l'envahissait. La main au coeur, je le regardais quitter la scène. La
figure défaite, il semblait sortir d'un autre monde. A l'issue de ce
tour de chant, il s'était évanoui pendant 10 minutes. Il fut transporté à
l'hôpital de Neuilly et en sortant de celui-ci, fin juillet, Joe n'avait
pas voulu avouer que son évanouissement avait été sérieux.
Joe Dassin savait qu'il était fragile du coeur au point qu'à plusieurs
reprises, il avait eu les mêmes alertes serieuses. C'est en plein tour de
chant, à Warre, que Joe s'était effondré, puis également en mars 1980. Et
plus tard, j'appris son transfert dans un hôpital américain. Soigné
efficacement par les médecins, il allait pourtant rapidement en sortir en
déclarant : « Tout va bien, je suis d'aplomb, il ne me reste plus que
quelques examens à subir ».
A la suite de cela, Joe prenait la sage décision de sa détendre dans son
île de rêve : Tahiti. Le visage ravi, il retrouvait la mine heureuse en
parlant de ses vacances qu'il passerait avec ses deux enfants et sa mère
: des êtres qu'il aimait le plus au monde. Là, il pourrait se reposer
quelque temps, oubliant les tournées épuisantes et les heures
déchirantes de son divorce. Il était heureux de ces vacances qui
commençaient sous le soleil bleu.
Mais au moment de se mettre à table pour déjeuner dans le restaurant «
Michel et Eliane » quelque chose n'allait pas. Joe était renversé sur le
dossier da sa chaise et sa tête s'inclinait. Son sourire avait disparu.
Il se tassait un peu plus dans sa chaise. Son regard s'était figé et sa
bouche s'était ouverte. Mais cette fois, ça ne pourrait pas être un
simple malaise. C'était beaucoup plus grave. Non seulement Joe ne
respirait plus, mais son regard était devenu glauque.
Un médecin qui était présent dans la salle de restaurant lui faisait un
massage cardiaque. Quand il se relevait au bout de 5 minutes, il ne
pouvait que balbutier : C'est fini. Joe est mort... Il n'y a rien à
faire. Joe Dassin, à la veille de ses 42 ans, nous quittait.
Sans le savoir, je venais de vivre le dernier gala de mon chanteur
préféré. Je n'aurais jamais pensé, à ce moment-là, que ce 11 juillet 1980
metterait fin à cette fabuleuse carrière de la chanson, à la fin d'un
grand artiste. Les vacances de Tahiti se sont transformées en tragédie et
tous ces beau rêves ont été détruits... une journée d'août 1980, en
laissant un grand vide à tous ceux qui ont aimé ce chanteur qui respirait
la bonne humeur, la jeunesse.
Au revoir Joe, nous ne t'oublieront jamais...
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